Pierre Bolliet : la dernière glisse

Le Gruissan Yacht Club a perdu un de ses membres les plus éminents.

Son ami, Éric Hortes, président du club, parle de Pierre Bolliet avec émotion : " C’est un grand monsieur qui nous a quittés. Passionné de la mer, il a rejoint notre club en 1987 avec son Trident VII. Il a enchaîné croisières au long cours, courses au large et régates avec, en 1992, la route des 3 caps de Bordeaux à Alcoudiamar via Vigo au Portugal sur Sharkif/Ville de Gruissan, avec Cancel père et fils, Ricard et Carrère puis Pons ; en 96, Gruissan-Royan en solo ; en 98, le contournement de la péninsule ibérique jusqu’à La Rochelle ; en 2002, sur son Gib’Sea 442 " Cool Smile ", la Route du Jasmin au sein d’une flottille de 80 voiliers par Toulon, La Sardaigne, Trapani, Hammamet, Bizerte et Gruissan.

Il reprend la régate sur son Grand Surprise, avec son fidèle équipage et aide à l’organisation des épreuves locales ou régionales. À 80 ans, dans son bateau de course, il n’hésite pas à partir à Sète pour les Grands Voiliers avec Jean Roques ".

Diplômé de l’école de l’air, lieutenant-colonel dans l’armée de l’air, Pierre Bolliet a piloté au cours de sa carrière les avions les plus pointus de son époque, Mirage III et IV.

À sa sortie de l’école du personnel navigant d’essais et de réception (Epner), il rejoint le centre d’essais en vol de Brétigny-sur-Orge pour participer aux essais du Concorde. Il effectue son premier vol, le 23 décembre 1970, à bord du F-WTSS avec l’équipe d’André Turcat et le dernier le 27 octobre 1978 à bord du F-WTSB.

De 1973 à 1975, il est chargé des vols de certifications systèmes et participe aux vols d’endurance. Il totalisera sur cet avion, 342 heures 32 minutes de vol, avec 130 vols d’essais, 7 vols de convoyage, 23 vols d’endurances et 33 vols de certification.

En 1984, il rejoint l’aérospatiale à Toulouse Blagnac pour les essais des bimoteurs à hélice, ATR. Le 17 juin 1988, au cours d’un vol d’essai du F. Wega avec Gilbert Defer, son ami, l’avion est crashé à l’atterrissage. Pilotes et mécanicien navigant s’en sortent avec des égratignures, mais Pierre en gardera une fragilité dorsale. Son épouse Christiane et ses filles profitent du temps que sa carrière leur laisse, en essayant d’en oublier les risques.

Comme pour un départ de course où on motive les skippers, Éric Hortes conclut : " Bonne chasse et Godspeed, Pierre ! On ne t’oubliera pas de sitôt et tu ne seras pas loin quand nous dégusterons, comme tu l’aimais, un bon vin blanc et un plateau de coquillages ".